La chaise vide

photo © Vincent Midolo
 

Killian jette un coup d’oeil vers le fond du couloir de la cave même s’il sait déjà que la chaise sera vide. Trop de silence, l’odeur de pisse a repris le dessus, par terre des tessons de bouteille, des canettes, des mégots, et posée au milieu, il ne voit qu’elle, la chaise vide.  

Cela fait plusieurs lundis que le vieil homme aux livres n’est pas revenu, une fois, deux fois, trois fois, les autres en ont pris leur parti. Ils ont recommencé à traîner, ce n’est ni le premier ni le dernier. 

Les autres se sont résignés mais pas Killian. Killian résiste. Tous les lundis, il descend, s’engage dans le couloir et il attend. 

Il guette le moindre bruit. Il guette le bruit des pas du vieil homme. Il guette le craquement du bois de la chaise. 

Appuyé contre le mur, Killian ferme les yeux et il attend. Il attend la voix du vieil homme. Il attend le bruissement des pages. Il attend le silence entre les phrases. Mais quand il ouvre les yeux, il ne voit qu’elle, la chaise vide. 

Cela fait plusieurs lundis que le vieil homme aux livres n’est pas revenu mais Killian se dit que demain, il ira en ville et il le cherchera. Il mettra le temps qu’il faudra mais il le trouvera.   

Killian veut entendre la fin de l’histoire. 

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