La pianiste

© photo Vincent Midolo J’écoute Listz ou plutôt je regarde Listz. Il a ce soir le visage d’une femme. Cheveux blonds. Vénitiens. Je vois son profil incliné au-dessus du clavier du piano. Steinway. Je lis les lettres d’or, elles scintillent sur le vernis noir. Les notes vont et viennent, un homme respire fort derrière moi. Silence. La main droite chante a dit la pianiste en préambule, ou bien était-ce la gauche ? Je ne suis pas pianiste. Mouvement. A deux bras de moi, la pianiste a un corps secoué, désarticulé soudain, les jambes possédées, le bras en arabesque. Danse assise au tabouret. Ce pourrait être le titre d’un tableau. Je penche vers la gauche. La courbe du piano. J’entraperçois le clavier, la main droite court sur les touches. Dominos blancs, crénelage noir. J’entends un cœur qui bat. Le mien. Une larme sur ma joue. Et c’est à ce moment qu'apparaît la photo. Fabienne Boidot-Forget 26 janvier 2025 Texte écrit dans le cadre de l'atelier d'écriture d'Alexandr...