Face au vent

Nous marchions sur la digue quand je m’arrêtai pour regarder une silhouette sur la plage. Un gamin. Que diable fabriquait-il à cette heure ? Le vent forçait, comme toujours lorsque la marée monte. De là où j’étais, j’embrassais toute la côte. Rien n’avait changé ou si peu. La couleur des volets ici, le muret là-bas. Mes parents avaient acheté la maison du bout de la plage, nous y étions venus plusieurs étés. La route était longue et nous arrivions souvent en fin de journée, je me ruais hors de la voiture. A marée basse, la plage se déroulait à l’infini. D’un coup de pied, j’envoyais voler mes chaussures dans l’air déjà sombre. Et je courais, je courais jusqu’à cette ligne d’horizon où le soleil mourait peu à peu. Aujourd’hui tout me semblait étrange : ce ciel intense, que nous ayons possédé cette maison, les colombages de sa façade, que je me sois penchée par ces fenêtres grandes ouvertes sur la Manche. A l’intérieur, le froid vous saisissait, une vraie glaciaire disait ma mère. Les p...